Patrice Chéreau

Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté.

René Char, Les Feuillets d'Hypnos


Les mots manquent pour dire le désarroi et le chagrin dans lesquels nous plonge la disparition de Patrice Chéreau. Nous le savions malade mais si combatif et vivant que jamais nous n'avions pu l'imaginer. La veille de l'annonce de sa mort, nous rêvions encore à l'idée d'accueillir la prochaine création qu'il préparait, Comme il vous plaira de Shakespeare.

Nous perdons avec lui un homme qui sut magnifier notre art, réinventer ses possibles, porter au plus haut sa beauté, sa profondeur et sa puissance de déflagration intime. Tant de chocs esthétiques, de précipités, de fulgurances d'acteurs, d'affects mêlés et contradictoires, de grains de voix, d'éclairs de sens, de musiques, se téléscopent. Certains vécus, d'autres rêvés, recomposés par les récits et les images des spectacles que nous n'avons pas pu voir. Depuis son départ, je ré-entends sans cesse cette musique funèbre maçonnique de Mozart qui ouvrait, m'a-t-on si souvent raconté, La Dispute de Marivaux, qu'il mit en scène au TNP de Villeurbanne en 1973.

Que son mystère et sa grâce l'accompagnent.

Célie Pauthe

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